Depuis les années 1980, les écopsychologues constatent qu’en dépit de son intelligence, l’être humain persiste à détruire la biosphère, dont il est dépendant et dont il a besoin pour vivre. Ainsi, selon ces derniers, l’état de la planète résulterait principalement de la perte de lien entre l’Homme et la Nature.
Qu’est ce que l’écopsychologie ?
Comme son nom laisse le deviner, l’écopsychologie est née, dans les années 80, des apports mutuels croisés de l’écologie et de la psychologie. S’agissant du volet psychologique, il s’agit en fait bien plus de psychologie sociale que de psychologie clinique. En effet, l’écopsychologie ne vise nullement la résolution de nos problèmes psychiques, quand bien même il pourrait s’agir de lutter contre l’écoanxiété ou la solastalgie, mais bien de conduire à des changements individuels profonds de comportement et donc de société.
La modernité occidentale, scientifique et rationaliste, a créé une nette dissociation entre l’Homme et la Nature. La société, consumériste et addictive, tend en effet à fabriquer des personnes en manque d’empathie, en particulier à l’égard des maux qui affectent la Planète, considérée comme une entité extérieure à l’être humain.

Ecopsychologie, un mutation profonde ?
En réponse à ce constat, l’écopsychologie pose ainsi le besoin impérieux d’une mutation profonde, d’un véritable changement de paradigme. Au-delà des indispensables prises de conscience et plus encore modifications de comportements individuels, cette responsabilité relève toutefois également de la dimension politique. En effet, selon les écopsychologues, les remèdes se situent précisément à la croisée des fonctionnements psychologiques individuels mais également sociaux et politiques. L’homme doit pour cela retrouver une unité avec la Nature, entre le « je » et le « tout » afin de passer véritablement d’un moi égocentré à un moi écocentré. Il s’agit non moins là d’harmoniser notre rapport au vivant afin d’apporter réponse à la crise écologique sans précédent que nous avons induite.
Les écopsychologues cherchent notamment à comprendre comment, en dépit de la somme d’informations désormais scientifiquement prouvées dont nous disposons sur l’état de la Planète, nous continuons à faire preuve d’une grande cécité, d’une totale incapacité à saisir les enjeux et plus encore d’une lenteur notoire à modifier nos comportements. Pour ces dernier, nous nous sommes tellement éloignés de la Nature au point de nous en exclure et de perdre ainsi notre capacité à la ressentir. C’est bien cette perte de connexion intime qui nous conduit à envisager la Terre comme un stock illimité de matières premières exploitables à loisir et non comme un vaste et complexe écosystème vivant dont l’Homme n’est qu’un maillon.
Or la Nature a une âme, soutiennent les écopsychologues. Ce concept d’âme du monde est en effet central pour appréhender l’écopsychologie, selon laquelle on ne peut séparer notre psyché de celle de la Terre, autrement dit Gaïa.
Quand bien même aujourd’hui personne ne peut nier être informé que la planète est au plus mal, peu d’entre nous par contre en ressentons clairement les souffrances. Or pour les écopsychologues, développer une véritable sensibilité à cette souffrance constitue la voie essentielle vers un changement individuel profond et donc vers la guérison du monde.
La finalité de l’écopsychologie ne serait-elle pas en définitive de nous aider à repenser le système socio-économique dans lequel nous vivons ainsi que notre propre rapport au monde ?